Veuillez noter que je ne prends plus de contrat photographique,
puisque je m’adonne maintenant à une autre activité.
Mais faites-vous plaisir en regardant ces images, souvenirs de moments inoubliables.
Bonne visite !
Voilà quelques mois que je n’ai pas écrit sur mon blog, et pour être tout à fait franc, ça m’a vraiment manqué !
Mais me voilà de retour ….
Je vous écris d’un petit café, près de chez moi, qui s’appelle le Cagibi. Un café » pur » Mile-End, avec petite musique d’ambiance planante, 15 artistes au mètre carré et toute sorte de zombis, travailleurs autonomes, et autres spécimens qui comme moi, viennent fuir leur isolement de prétendus indépendants, assurément pigistes. Une véritable solitude en commun !
Bien, maintenant que l’ambiance du lieu est posée sur le « papier », venons-en aux faits …
À peine rentré de vacances, le journal VOIR me propose de faire une » UNE » avec Francis Ducharme et Clara Furey, pour un spectacle de danse contemporaine.
J’adore faire des photos pour les spectacles de danse !
J’adore travailler avec les danseurs !… Et je trouve d’ailleurs que je n’en fais pas assez ! (Le message est-il clair ? ;-))
La dernière en date était l’affiche que j’avais faite pour le dernier spectacle d’Estelle Clareton, qui avait d’ailleurs fait l’objet d’un article dans mon blog.
Le brief du présent mandat était le suivant: C’est pour annoncer le spectacle de danse qui s’intitule » Danse à 10 « , et qui aura lieu dans le fameux bar de danseuses nues, le Kingdom Gentlemen’s Club.
Que de belles nouvelles !
Je vois d’ici que certains (nes) personnes ayant les idées bizarrement alignées penseront peut-être que le lieu de la prise de vue expliquerait mon état d’excitation, et bien détrompez-vous. Ok, ok, … je dois bien avouer que ce genre de lieu coloré est toujours attrayant et propice à la créativité, et puis soyons honnête, il y a pire comme » bureau « , même si celui-ci n’a pas de fenêtres ;-) !
Mais plus sérieusement, j’étais ravi de retrouver Francis Ducharme, avec qui j’avais déjà l’occasion de faire des photos. Un artiste, un vrai, un pur, un dur et qui donne de lui-même sans compter. Quand à Clara Furey, je ne la connaissais pas personnellement, mais je suis sa carrière depuis quelques années, et elle était bien placée sur la liste des personnes que je souhaitais rencontrer, et évidemment, photographier !
Donc, tout d’abord, Étape 1: Le repérage.
Je prends rendez-vous avec Robin, qui dois me faire visiter Ze royaume, pour que je me fasse une idée du lieu, afin d’élaborer un concept pour cette une. Sur place, je suis d’abord saisi par l’ambiance qui y règne, puisqu’on est en plein jour, qu’il n’y a aucun client, pas de musique … bref, le royaume du vide.
Il y a là bas beaucoup de possibilités pour faire des photos. Un faux arbre grandeur nature, illuminé tel qu’on pourrait l’imaginer au paradis. Des lions qui trônent sur les podiums de danse, les petits salons privés avec miroirs et distributeurs de « Purell », un bar avec des écrans géants qui projettent des séquences de danses endiablées autour d’un poteau bien raide, raide comme un ….. euh, bon, je m’égare !
Enfin, tout cela pour dire qu’après quelques » yeuxtages » bien pesés, j’ai décidé que finalement, j’allais plutôt opter vers un plan assez rapproché. Le décor serait donc quasiment absent, et ce qui symboliserait l’endroit, serait ce fameux poteau, qui frôle et pétris l’intimité des danseuses nues depuis tant d’années.
Comme concept, j’imaginais alors deux visages de profil, dont les deux bouches prêtent à s’embrasser ne seraient séparées que par ce poteau, qui symbolisera parfaitement ce théâtre de la vie nocturne. Je pensais que c’était une bonne base, autour de laquelle je pourrai naviguer sur quelques variantes. Je mis mes idées sur mon petit calepin, où je prends toujours un malin plaisir à étendre ces quelques traits, toujours aussi maladroits. Merci, Nicéphore Niepce d’avoir pensé à inventer la photographie !
À peine rentré, j’en fais part au Journal qui me donne un « GO » sans hésiter. Voilà, c’était ficelé.
Étape 2: La prise de vue.
Le jour « J », j’arrive un peu en avance, comme d’habitude, afin de préparer mes lumières. L’équipe télé arrive un peu plus tard, également pour se préparer, et nous attendons nous vedettes.
C’est Francis Ducharme qui arrive en premier. Peu de temps après, Clara Furey arrive. Ils sont tous deux chez eux, ça se voit immédiatement, puisque c’est ici qu’ils danseront, et c’est ici qu’ils répètent.
Je décide de les prendre à part pour discuter de ce que j’ai l’intention de faire.
Il faut être réaliste ! Oui, j’ai un concept, mais eux, ils connaissent leur spectacle et ils sont évidemment susceptibles d’apporter aussi beaucoup à ce projet. Faire une photo de ce genre, c’est avant tout un travail d’équipe, une véritable création collective. Ils m’ont alors expliqué tout ce qu’ils avaient à offrir à mon objectif, et je n’avais qu’une envie, c’était de commencer !
Pendant que Clara passait sous les pinceaux de Dominique Hasbani, ma maquilleuse pour l’occasion, je me suis amusé à faire des photos avec Francis, pour lui permettre de finir son échauffement , vérifier ma lumière, mon cadrage, et commencer à percevoir toutes les possibilités qui s’offraient à nous.
La prise de vue commence donc, à proprement parlé, et très rapidement, je me suis rendu compte que j’allais commettre une erreur fondamentale. Faire un plan rapproché avec des danseurs de ce calibre, et un décor comme celui-là était un non-sens, ou devrai-je dire, un véritable gâchis. À chaque fois que j’essayai mon plan rapproché, je ne pouvais m’empêcher de dé-zoomer, pour capter toutes les histoires qu’ils étaient capables de raconter avec leur corps. C’était évident, il fallait des corps ….. et du décors.
Mon concept était bon, mais il n’était pas fait pour ce projet là !
Alors nous nous sommes mis à essayer plein de mouvements différents. J’avais eu l’idée de peut-être déposer par terre un billet de 10$, pour paraphraser le titre du spectacle, « Danse à 10 », puisque l’accent n’était plus mis sur le poteau, il fallait le faire, et le mettre en premier plan.
Au fur et à mesure que les images prisent défilaient sur mon ordinateur, je voyais bien que je tapais dans le mille. L’enthousiasme était général. Les danseurs, la chorégraphe, l’attaché de presse …. tout le monde était sur la même longueur d’onde ! J’étais donc relativement convaincu que je n’aurais pas de mal à avouer au journal que finalement, j’avais fait quelque chose de bien différent de ce qui était prévu.
À bientôt …..
PS: Petit aparté pour les Français qui ne connaitraient pas cette activité hautement nord-américaine, une danse à 10 n’est pas une danse à 10 personnes, mais bien une danse à 10$, qui permet au payeur d’avoir une danseuse qui se trémoussera langoureusement sous le nez de ce dernier ! Il fallait le préciser, on ne sait jamais ;-)
7 Comments on Une rentrée entre corps et décors, au royaume du sexe !