Réflexions et analyses

La solitude du photographe.

  • 22/04/2010


Faire des photos de vedettes, cela veut dire côtoyer beaucoup de personnes, de divers horizons. Et c’est ce que j’aime avant tout, dans le métier de portraitiste. Les rencontres, le partages de moments intenses.

Dans l’entourage d’un photographe comme moi, Il y a évidemment les vedettes elles-même, et toutes sortes de personnes qui gravitent autour. Les éditeurs, les maisons de disques, les distributeurs, les attachés de presse, les agents, les gérants, les producteurs … etc
Et de l’autre côté, du mien, il y a les assistants, les coiffeurs-maquilleurs, les retoucheurs, les stylistes, les agences de comédiens, de mannequins, de casting, les magazines, les agences de publicités … etc

Alors, selon le type de prise de vue, on peut se retrouver facilement à une quinzaine de personnes, toutes impliqués à différents niveaux dans le processus de création. Ça grouille, ça « speed » de tout côté, et une espèce de frénésie prend possession des lieux. Une musique donne l’ambiance, et Je parle fort pour diriger les « modèles », qui sont parfois loin de moi. Et au travers de tout ça, on est en équipe, on crée une image, et en règle générale, on adore ÇA !

Mais en réalité, notre métier est fait de beaucoup de solitude, surtout depuis l’avènement de l’ère numérique.

Évidemment, les prises de vues sont toujours aussi animées et la frénésie, l’adrénaline sont toujours au rendez-vous.

Mais auparavant, voilà comment ça se passait une fois la prise de vue terminée:
Les films devaient être apporté au laboratoire afin d’être développés. On pouvait les faire livrer, mais si on avait le temps, on savait très bien qu’on y croiserait des confrères, et c’était toujours un bon moment pour parler technique, photo, bref .. de tout ce qui fait la vie de notre métier. Lorsque j’ai débuté, j’y passais des heures dans les laboratoires, à parler de photo. Ça a été une véritable école pour moi. J’ai pu cotoyer les tireurs de Doisneau, de Lartigue, et bien d’autres. Des Maîtres, dans leur domaine. J’avais même pu acquérir, à un moment donné, le privilège de les suivre en chambre noir, et d’apprendre ces gestes qui donnaient vie aux images avec tant de finesse, à travers ces négatifs.
Ensuite, on allait voir le client avec les planches contact, ou les diapositives (Les ektas, comme on disait !), afin de faire le choix des images qui allaient être utilisées. C’était là aussi une belle occasion de partager, et aussi de tisser de véritables liens avec ses clients.
Enfin, une fois cette étape passée, il fallait aller faire (ou faire faire) le tirage, s’il s’agissait de photos en Noir et Blanc.

Aujourd’hui, c’est bien différent:
Une fois la prise de vue terminée, pas la peine d’aller voir le client. Soit on a fait le choix durant la prise de vue, puisque les images entrent directement dans l’ordinateur, en temps réel, soit on les envoie par internet. Puisque je considère la retouche de mes photos comme une part de création, je la fait moi-même, et j’aime ça, mais ça reste néanmoins une relation Homme-Machine, avec qui on peut facilement finir par entrer en conversation ….. ça y est, je me suis dévoilé, ok, oui, je parle des fois tout seul ;-) !
Une fois le traitement de l’image terminé, j’envoie la photo par internet, et voilà, c’est terminé, mission accomplie, merci… au revoir.

Les confrères, je les croise par hasard, ou aussi parce que je leurs loue parfois mon studio. Les labos, je n’y ai pas mis les pieds depuis des années, car lorsque je dois faire un tirage, je le fait au studio, avec mon imprimante.

L’opportunité d’un nouveau client se présente ? Plus besoin d’aller le voir avec mon portfolio, dans un premier temps, il préfère aller voir mon site web …

Le contact professionnel qu’il me reste est celui des fournisseurs, le magasin d’informatique, le livreur d’eau.

N’allez pas croire que je suis amer, ou nostalgique,pas du tout, je suis d’ailleurs le premier à m’éclater avec toutes ces nouvelles technologies. Ça me permet d’ailleurs d’écrire tout ça dans un café, avec mon laptop, entouré de plein de gens qui tiennent toutes sortes de conversations de bistrots, et j’adore ça.
Mais je constate simplement que rien n’est parfait, et que dans mon domaine comme dans bien d’autre, l’être humain a aussi cédé beaucoup de place aux machines.

Voilà, entre 2 prises de vues, une tranche de vie d’un photographe, ça peut ressembler à ça !

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